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 Gray l'Irlandais

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Grayson Flynn
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MessageSujet: Gray l'Irlandais   Gray l'Irlandais I_icon_minitimeVen 27 Aoû - 16:38

Fiche de Présentation

Gray l'Irlandais Image au choix
    PRENOM : Morpheus
    ÂGE : 17 ans
    EXPERIENCE RP : J'ai sauvé Xion à plusieurs reprises. Cool
    AVIS SUR LE FORUM : C'est... l'Élu.
    COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM : Je suis l'Architecte. Tu es dans la Matrice, Néo. Cool

FLYNN
Grayson, Patrick


ÂGE : 36 ans
NOM DE CODE : Cathbad
ETAT CIVIL : Divorcé
PROFESSION : Propriétaire de pub - Chef de la famille MacMahon
ARME(S) : Fusil à canons juxtaposés et sciés de type Lupara modifié, cartouches à plomb et cartouches de type "sabot" de calibre 12.
NATIONALITE : Américain d'origine irlandaise

(IMAGE DE VOTRE PERSONNAGE) [img][/img]


Description
Physionomique


BLablablabla

Description
Psychologique


BLablablabla



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Dernière édition par Grayson Flynn le Mar 14 Sep - 14:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Gray l'Irlandais   Gray l'Irlandais I_icon_minitimeMar 28 Sep - 22:25

Bloody Sunday...
Once Again



« Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. »
Exode, 20:2 – 12

2067. La crise montre le bout de son nez au Royaume-Uni. Le premier ministre a sacrément merdé sur ses derniers projets de loi, et la populace est mécontente. En Irlande, un fond de révolution gronde sous l’impulsion de quelques vieux nationalistes assez influents pour convaincre des jeunes désœuvrés.
Mais le plus important. Le 14 avril, une petite famille de classe moyenne des environs de Cavan fête la naissance d’un nouvel arrivant. Moi. Mes parents ? Paul était américain. Enfin, je devrais plutôt dire à moitié américain, petit fils de petit fils de petit fils d’irlandais, le descendant d’une de ces braves familles venues débarquer sur le Nouveau Monde après la Grande Famine, à l’époque où New York n’était qu’un bouillon d’immigrés venus des quatre coins du globe. Il vivait à Boston, mais il a fini par se souvenir de ses racines, et il s’est installé au pays pour revenir aux sources. C’est là qu’il a rencontré ma mère, Lorna, et ce fut le coup de foudre. Fin de l’histoire ? Certainement pas. Paul était du genre fougueux dans ses jeunes années, et il donna à sa femme cinq enfants. Cinq rejetons tous passés sur les genoux du vieux Patrick Flynn, notre grand père. Un vieillard solide et sévère qui avait encore de belles années devant lui. Il était de la trempe de ces types inébranlables qui soutiennent une nation en temps de crise. C’est qu’il était du Sinn Féin, le vieux, un politicien aguerri, qu’on surnommait Saint Patrick. Et c’était bien de l’ironie, parce qu’il était loin d’être saint, le grand père, vous pouvez me croire. Ce doit être de lui que je tiens mon foutu sale caractère.
Les relations familiales n'ont pas toujours été au beau fixe chez nous. Je ne peux pas dire que j'ai été malheureux durant mon enfance. Nous avions un père que tout le monde pouvait nous envier, et grandir au milieu de quatre frères et sœur avait des avantages indéniables. Mais notre mère n'était pas du genre à avoir la fibre maternelle. Notre mère. Un sujet délicat, si j’ose dire. Oh, elle nous aimait, ça ne faisait pas le moindre doute. Mais c'était un sacré brin de femme, plus intéressée par les affaires du Parti et de l'IRA que par la vie de famille. Elle était du genre à s’imposer dans un milieu pourtant purement masculin, à taper du poing sur la table et à largement dominer dans son couple, mais elle n'était pas faite pour élever des enfants. Avant d'épouser notre père, elle était sortie avec un gars du Sinn Féin, et le larron lui avait inculqué et ses idéaux, et son tempérament flamboyant. Mais Paul avait aussi son caractère, et ça créait souvent des étincelles à la maison. Il y avait des soirs où l’ambiance était électrique, et il nous envoyait nous coucher un peu plus tôt. Et alors, nous savions qu’une bonne partie de la nuit allait être riche en cris et en dégâts matériels. M’man était une femme de fer, ouais, élevée à la dure par notre grand père. J’soupçonne que Patrick aurait souhaité avoir un fils, mais Mamie n’lui a donné qu’une fille unique, et pour compenser, il a éduqué sa petite Lorna comme s’il s’était agi d’un gars.
A l’époque, j’étais trop jeune pour m’en rendre compte, mais p’pa et Patrick fricotaient pas mal avec des types un peu sinistres, le genre silencieux et effacé, avec de bonnes gueules de taulards. Et pour cause : ceux là étaient des types de l’IRA, à qui il valait mieux ne pas chercher des crosses. Malgré les années, malgré la paix, ces gars là fomentaient toujours pour récupérer leurs terres – nos terres – et foutre les anglais dehors. Ils avaient en travers de la gorge des siècles de rancœur viscérale de l’envahisseur. Mais la tâche n’était pas simple. Il y avait l’armée, il y avait le budget, il y avait l’éthique, et le danger. L’éthique. Verser le sang d’une poignée d’hommes, peut-être innocents, pour libérer un pays tout entier. Était-ce bien, ou au contraire, le sacrifice était-il trop inégal ? Quelle que soit l’époque ou la situation, le dilemme était toujours le même. Mais pour moi, tout ça n’avait aucun sens. Ce n’étaient que des affaires de grands dont je ne devais pas me mêler. De mon point de vue d’enfant, tout allait pour le mieux dans la banlieue de Cavan. Ou presque. L'évènement que l'on connaît tous est arrivé : l'incident de Hope Creek. J'étais tout môme à ce moment là, trop petit pour comprendre et me rendre compte de l'ampleur de la chose. Paul, en revanche, se rongeait les sangs pour sa soeur. Quelques semaines après la catastrophe, il la fit venir à Cavan. Avec elle était arrivé un grand homme barbu, avec une tête de truand et l'air toujours sérieux. C'était notre oncle, Hunter MacMahon, et tout le monde semblait avoir beaucoup de respect pour lui. Par chance, Boston n'avait pas été trop secouée par les émanations nucléaires, et la famille se portait plutôt bien. Pour des raisons qui m'échappaient, je devins le neveu favori d'Hunter. J'avais droit à toutes les attentions de sa part. Là où allait Hunter, il tenait absolument à m'emmener avec lui. Il me présenta à d'autres hommes qui lui ressemblaient, des hommes graves et silencieux. A chaque fois que nous allions quelque part, que ce soit au pub du coin de la rue où à l'église le dimanche, tous les hommes le saluaient avec une sorte de respect mêlé de crainte, comme s'il était quelqu'un de très important. Il lui arriva de me présenter à de parfaits inconnus et de leur assurer que j'étais son successeur, que j'avais un grand avenir dans le milieu. Je n'avais que six ans, et je ne sais pas pourquoi ni comment Hunter avait décidé que je lui succèderais – et je ne savais même pas encore à la tête de quoi –, mais il avait l’air d’y croire dur comme fer. Un peu moins de six mois après ça, le phénomène Nolan prit le pouvoir par la force et imposa un nouveau gouvernement. Il fit son grand ménage de printemps et évinça tout un tas de gros nom du crime, ainsi qu’une tonne d’industriels véreux et tout autant d’opposants à son nouveau régime. Dans le même temps, le vieux Patrick, resté à Dublin pour s’occuper des affaires importantes du Sinn Féin, trouva judicieux de claquer. Hunter et sa femme restèrent le temps des funérailles, et rentrèrent en urgence à Boston moins de deux jours après.
La nouvelle ne m’ébranla pas plus que ça. Je l’aimais, le vieux, cela va sans dire. Mais il restait pour moi une figure d’autorité distante et sévère qui avait toujours été plus présent aux réunions du Sinn Féin qu’à la maison, à jouer au grand-père modèle. Petit, Patrick me terrorisait. Sa voix tonitruante, sa barbe et sa taille gigantesque en faisait une sorte de géant terrifiant. Lorsqu’il me prenait à bout de bras entre ses énormes mains pour me poser sur ses genoux, je me sentais toujours sur le point de me faire écraser par sa présence. Ma mère, en revanche, encaissa durement le choc. Après la mort de son père, Lorna ne fut plus jamais vraiment la même. Plutôt que comme sa progéniture, j’avais l’impression qu’elle nous considérait comme de futurs membres potentiels du Sinn Féin. Nous n’étions à ses yeux que de petits soldats qu’il lui fallait entraîner, conditionner, pour faire de nous l’élite, les libérateurs. Des enfants terribles. Ça aurait pu marcher du feu de dieu, ouais. Ma mère ne savait tout bonnement plus ce qu’elle faisait. Elle aurait pu l’avoir, son armée. Sans problème. La mort de Patrick avait fragilisé l’équilibre politique du Parti, et les chefs de l’IRA n’étaient pas du genre à s’embarrasser de scrupules quand il s’agissait de libérer le pays. Mais p’pa n’était pas d’accord avec ça. Voir sa femme sombrer dans un fanatisme nationaliste et pro-catholique malsain était une chose assez dure pour lui, sans qu’il n’ait besoin de voir ses enfants finir, dans le meilleur des cas, au fond d’une cellule de deux mètres sur deux.
Paul s’évertuait à maintenir l’IRA et le Sinn Féin loin de nous. Il n’était pas insensible à l’oppression que notre peuple subissait depuis des siècles, mais les choses allaient trop loin. Malgré tout, malgré sa surveillance, ses interdictions, ses menaces, les types de la cellule nous tournaient autour. Terry était trop vieux pour se laisser berner, mais moi, j’étais différent, plus jeune. Bien sûr, ils voyaient bien que je grandissais. L’âge con, vous savez, lorsque l’on est encore facilement modelable, qu’on se croit invincible, plus fort que tout, plus même que ses parents. Au bahut, j'étais un gosse turbulent, bagarreur, intolérant, avec la tête bourrée de rêves de gamins, d'idéaux stupides. Le soir après les cours, j'allais faire les quatre-cents coups avec ma bande, et en rentrant, dénoncé par les voisins, je me prenais de sévères raclées de la part de mon père. J'peux vous garantir que je prenais cher. Et puis avec le temps, j'ai arrêté de traîner avec les potes, pour les remplacer par les frangins. Nos liens fraternels se resserraient, parce qu’on avait fini par découvrir qu’on ne pouvait compter que sur la famille, que les potes, c’étaient que du vent. On a fait de belles conneries ensemble, entre les courses-poursuites pour échapper à la volaille, et les rixes de bar à cause du frangin bourré. C’était à peine si on avait le temps de respirer. Je faisais de petits boulots pour l'IRA. Rien de bien important, des livraisons, des courses ordinaires : café, bouffe, des trucs de tous les jours. Un jour, les poulets me sont tombés dessus, et comment vouliez vous que je leur explique la présence d'un calibre dans mon sac de fruits ? On m'a embarqué au poste, déshabillé, fouillé, tabassé, humilié pour me faire cracher des réponses. Mais je ne savais rien des magouilles du vieux O'Connor ou de Murdock. Si mon père n'était pas venu faire un scandale auprès des flics, j'aurais probablement été bon pour une prison pour jeunes délinquants. Ce vieux salopard d'O'Connor a fini par cracher le morceau, et j'ai pu m'en sortir sans casier ni embrouilles. Et je le devais beaucoup à p'pa et au plus vieux de mes frangins, Terry.

Paul avait beau se ruiner la santé à tenter de nous protéger, il y avait une chose dont il ne pouvait pas nous préserver. La guerre. Tout avait commencé par une broutille. Un môme catholique de Belfast avait chapardé le porte-feuille d'un protestant. Le gosse avait faim, n’avais pas d’argent, et était issu d’une famille de basse classe de l’Irlande du Nord. C’était le genre de choses qui arrivaient souvent, et aujourd’hui encore. Une tape sur les doigts, un bon savon, et le petit aurait compris qu’il ne devait plus recommencer. Mais ça aura suffit à une bande de roastbeefs jusqu’au-boutistes pour venir tabasser le père du gamin. « Pour l’exemple », qu’ils disaient. Et c’est de là que tout est parti. Au début, c’étaient de simples rixes entre la famille du gosse et les anglais. Puis, petit à petit, avec l’effet boule-de-neige, tout a dégénéré en conflit politico-ethnique. Les émeutes ont éclaté ça et là, et ce pauvre con de premier ministre anglais a paniqué. Il voulait montrer à Nolan qu’il avait la situation bien en main, et a vite rejeté la faute sur les Irlandais, avant d’envoyer ses blindés sur notre territoire. Les choses auraient pu se passer différemment, mais une telle violation des traités de paix et des accords de Dublin, c’était comme piétiner l’héritage que nous avaient laissé de vieux loups comme mon grand père ou De Valera en son temps. L’occasion était trop belle, et l’IRA sauta dessus. Ce fut le branle-bas de combat. Les gars reprirent les armes et descendirent dans la rue mener la guerre civile qui venait d’éclater. Les politiciens du Sinn Féin tentèrent de brider leurs ardeurs, mais ces gars là attendaient un prétexte depuis trop longtemps. Les uns voulaient éviter un carnage, les autres criaient justice. Et derrière cette armée, il y avait tout un peuple qui se souvenait de l’oppression, de la misère, des brimades, un peuple qui réclamait sa vengeance à corps et à cris. Et l’IRA comptait bien satisfaire les appétits sanglants de son pays. Du côté de Cavan, ça sentait sérieusement le roussi. On était en première ligne, et on ne sortait plus de chez soi. Il y avait les contrôles, les rafles, les coups de feu, jour et nuit, et les blindés qui défilaient constamment. Pendant cette période chaotique au possible, on se démerdait comme on pouvait. Il y avait la crise, la guerre, la peur, le froid. Hope Creek n’avait épargné personne, et les hivers furent plus rudes que jamais en Irlande. Ce n’était rien d’invivable pour nous, qui connaissions la pluie et le sale temps, et on en avait vu de plus dures, mais avec la vendetta meurtrière que menait notre armée, nos ressources partaient vite en armement. Et cette fois, nos lointains cousins américains ne pouvaient rien pour nous, occupés de leur côté à se débattre contre l’Imperium. Il y eut des négociations, des ultimatums, mais les choses ne se calmèrent pas. Les chefs de l’IRA étaient ivres de sang et ne déposeraient plus les armes, jusqu’à ce que l’ennemi ait été jeté hors des terres irlandaises, avec perte et fracas. Aucun compromis ne suffirait. Cette fois, c’était tout Ulster que nous réclamions. Tous les irlandais n’approuvaient pas la violence extrême dont faisaient preuve nos libérateurs. Il y avait des otages, des attentats, de grosses émeutes du côté de la frontière. Mais nous étions tous habités par cette colère sourde qui nous faisait fermer les yeux sur tant d’extrémisme.
On se disait toujours que rien de pire que cette chienne de guerre civile ne pouvait nous arriver. Mais comme ce genre de merde n’arrive jamais seule, la famille Flynn allait bientôt essuyer un nouveau coup dur.

Gray l'Irlandais Belfas13
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MessageSujet: Re: Gray l'Irlandais   Gray l'Irlandais I_icon_minitimeMer 17 Nov - 21:16

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« Je pleurais quand je vins au monde, et chaque jour me montre pourquoi. »
Proverbe Espagnol

De toute ma vie, je n'ai jamais vu personne d'aussi dévoué à sa famille que mon père. C'était un type bien. Le meilleur d'entre nous, disait Hunter. Le plus honorable. Il était attaché aux siens comme à la prunelle de ses yeux, et chaque fois que sa soeur avait des ennuis, il pliait bagages et décollait aussitôt pour Boston, et ne revenait pas avant que ses problèmes soient réglés. Ils nous a fait le coup un jour, une énième fois, pour ces mêmes raisons. Mais les circonstances poussèrent notre père à partir un peu plus précipitamment que d’habitude. Ça s’était passé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le téléphone avait sonné un soir, et le lendemain, Paul atterrissait à Boston. Il était parti comme une tornade, et personne n’avait pu connaître les raisons d’un départ aussi précipité avant que nous ne recevions un appel deux jours plus tard. Terry régla toutes les formalités du départ et nous emmena rejoindre notre père, tandis que Lorna restait à Cavan s’occuper de la guerre civile. De mauvaises nouvelles nous attendaient à Boston. La tante Eileen était tombée malade. Gravement. Un cancer, le résultat des émanations nucléaires dues à la plus grande boulette du siècle. Hunter avait fait venir les meilleurs toubibs, les plus éminents cancérologues de l’état. Mais à part la doser à la morphine pour lui épargner la douleur, ils ne pouvaient pas faire grand-chose face à un cancer en phase terminale. Ce qui me choqua le plus ne fut pas vraiment la perspective de perdre ma tante. Avec la guerre civile chez nous, la mort était partout. Dans les conversations, chez les voisins, dans la rue, le patelin d’à côté, dans les médias. C’que vous devez savoir, c’est qu’Eileen était une femme magnifique. Toujours vive, plein d’énergie, radieuse. Alors imaginez-vous un peu le choc quand vous découvrez une telle personne qui crève un peu plus à chaque souffle, juste là, sous vos yeux, dans une chambre plongée dans l’obscurité et qui pue la mort et la maladie. Il y a eu comme une espèce de rejet dans ma tête. Cette femme là ne pouvait pas être ma tante. Son agonie se faisait dans un long râle sifflant qui s’extirpait douloureusement de sa maigre poitrine. Elle ne mangeait plus, ne parlait plus, et ressemblait à un cadavre en sursis animé d’un dernier soubresaut de vie, tout juste maintenue en vie dans un état végétatif attribués aux médicaments. Je m’étais attendu à une lutte enragée de sa part. Eileen n’avait jamais baissé les bras, quelle que soit la difficulté de l’obstacle à surmonter. Mais tout se termina comme un rien. Terry vint me réveiller au beau milieu de la nuit pour m’annoncer que tout était fini. Papa avait du mal à contenir sa peine, et Hunter s’était emmuré dans une espèce de silence coléreux. Il en voulait à sa femme de s’être abandonnée à la mort de la sorte. On organisa les funérailles peu de temps après, on rouvrit les rideaux de la chambre de la mourante, puis on n’en parla plus. Après ça, l’oncle Hunter, veuf et sans enfant, ne fut plus jamais vraiment le même, et se consacra corps et âme à ses affaires. Il eut une longue discussion houleuse avec Paul, et m’embrigada dans son « entreprise ». Il m’avait laissé le choix, et j’aurais bien pu refuser, mais malgré la désapprobation de mon père et le danger que représentait mon nouveau statut, je trouvais mon compte à effectuer de basses besognes pour mon oncle. J’étais plutôt bien payé, nourri, logé, et cogner sur des inconnus étant une des choses que je savais faire le mieux à l’époque, le boulot me convenait. Finalement, notre père rentra en Irlande avec Sean et Terry. Ciara est restée avec moi sous prétexte que son petit frère lui aurait trop manqué, et Devin avait catégoriquement refusé de retourner au pays pour des raisons obscures. Hunter nous fit faire de faux papiers, et je commençai le travail aussitôt.

J’ai fini par rencontrer une femme. Oh, ce n’était pas une femme parmi tant d’autre. Celle là allait prendre beaucoup de place dans ma vie. La femme. Emma. Au début, c’était idyllique. Elle était belle, on s’aimait, c’était bien. Mais voilà. Le problème, c’est qu’elle voulait que je sois disponible, attentionné, que je m’occupe d’elle constamment. Ce qu’elle avait déjà – et croyez moi, je lui donnais beaucoup de mon temps – ne lui suffisait pas. Ça a duré deux ans. Deux longues années sur le fil du rasoir, à se gueuler dessus, à batailler, sans qu’aucun de nous deux ne cède par pure fierté. Il y avait de bons moments, évidemment, sans quoi nous n’aurions pas pu tenir. Mais tous ces griefs étaient fatigants, tant pour elle que pour moi. Je peux comprendre son point de vue, aujourd’hui. Je me doute bien que ça ne devait pas être facile à vivre pour elle. J’étais toujours à courir aux quatre coins du comté de Suffolk, et lorsque je rentrais, j’étais trop claqué pour avoir l’air aimable, et je me payais un aller simple pour le plumard après une bière et une clope. Mais il fallait bien que je trime pour ramener de la bouffe et du fric, non ? Finalement, fatalement même, ça a pété. La vaisselle qui volait, les portes qui claquaient, les éclats de voix… je ne vous raconte pas le calvaire pour les voisins. Elle a fini par fourrer ses affaires dans un grand sac, puis elle est partie. Vous croyez que ma vie a repris tranquillement son cours ? J’pensais la même chose. Et puis elle est revenue même pas deux mois après ça, enceinte jusqu’aux yeux et terriblement en colère. Contre moi. Le comble, hein ? Et le pire c’est que je l’ai reprise. Évidemment. Vous pensez vraiment qu’un irlandais élevé dans des valeurs familiales strictes aurait rejeté une nana qui porte son gosse ? C’était pas tant pour elle que pour le môme. Mon fils, ma descendance. J’pouvais pas le laisser s’égayer dans la nature avec sa mère. Emma en a très largement profité pour se venger à sa manière. Elle m’a ventousé, pompé mes ressources jusqu’à la moelle : je lui ai laissé ma chambre, j’ai pris un congé, j’ai été un ange avec elle. Un ange, tout à fait. Je me suis moi-même surpris en me comportant de la sorte. En y repensant, on aurait presque réussi à recoller les morceaux grâce à ce gamin. Mais il fallait mettre de côté la colère, la rancœur, les reproches… et c’était loin d’être une mince affaire. Pour m’éviter de craquer à nouveau, j’ai appelé ma sœur pour qu’elle vienne s’occuper d’Emma en mon absence, ce qui m’a permis de reprendre le boulot. Ça aurait presque pu bien se passer. Presque.

J'étais à Lowell, ce jour là. Je m'en souviens comme si c'était hier, Hunter m'avait envoyé régler une affaire avec un gang local en retard sur le paiement d'une livraison d'armes. Le gang avait « oublié » de payer, et le patron voulait que je récupère notre dû comme l'affaire traînait en longueur. Ça devait être l'affaire d'une journée, rien de très important. A un moment donné, peu de temps avant l'heure du rendez-vous pour le paiement, mon téléphone personnel a sonné une première fois, une deuxième, une troisième... j’ai fini par sortir mon portable pour voir qui tenait tant à me parler. D’ordinaire, j’aurais pas répondu, mais Emma s’acharnait rarement autant à essayer de me joindre, alors c’était certainement important. Mais quand j’ai décroché, ce n’était pas elle. C’était mon frère, Devin, et il n'avait pas que des bonnes nouvelles à m’annoncer. On venait d'embarquer Emma à l'hôpital, elle avait eu un problème avec le môme. Ça devait pas faire plus de six mois et demi qu'elle était tombée enceinte, et le gosse venait déjà au monde. Tu parles d'un problème. Une putain de catastrophe, voilà ce que c'était. Sur le coup, j'ai pas vraiment cherché à réfléchir. J'ai laissé le boulot en plan, et j'ai rappliqué à Boston en deux temps trois mouvements. A l'hôpital, pas moyen de voir le petit ni sa mère. Ils avaient besoin de repos, interdiction formelle de les déranger. Ils allaient bien, mais fallait les laisser tranquilles. J'ai veillé toute la nuit dans une salle d'attente, à me droguer au café, en attendant d'avoir des nouvelles, des informations plus précises qu'un simple « tout va bien ». Je voulais voir le môme, mais impossible de lui rendre visite. Alors j'ai été voir Emma à la place. Je savais pas vraiment quoi lui dire, et elle était trop fatiguée pour trouver quoi que ce soit de désagréable à me balancer à la gueule. Mais je sentais bien qu'elle en pensait pas moins. Elle pensait que c'était de ma faute. Fallait bien un coupable. Je pouvais pas rester à l'hôpital éternellement, alors j'ai laissé mes coordonnées en cas de pépin, et je suis rentré chez moi. Hunter est passé me voir, pour se tenir au courant de mon état, celui du petit, d'Emma. Il m'a accordé un peu de repos, et il est reparti, l'air sombre. La nouvelle avait pas l'air de l'enchanter, lui non plus. J'ai reçu un coup de fil d'un toubib, tard dans la soirée, pour me prévenir que l'état de mon fils était stable, que tout se passerait bien. Et le lendemain, j'ai pu le voir pour la première fois. J'vous raconte pas le choc. J'avais pas souvent en l'occasion de voir des nouveaux nés, et encore moins un prématuré. Y avait des tuyaux et tout un tas de machines qui bourdonnaient et qui bipaient autour de la couveuse. Et le petit était là, dans cette espèce de boite de survie, avec sa peau toute rouge et diaphane, qui laissait voir tout un tas de petites veines qui circulaient en dessous. Il avait l'air si petit et si faible que j'aurais eu du mal à croire qu'il vivait si ses petits poings ne s'agitaient pas de temps en temps. Ça me foutait les jetons. Ce petit truc qui remuait faiblement avait l'air d'être comme sur le fil d'un rasoir. Il menaçait de tomber n'importe quand et de mourir. Le médecin a essayé de me rassurer. Il était sous bonne surveillance, il se passerait rien. J'pouvais dormir tranquille, qu'il disait. Pour une fois dans ma vie, j'ai décidé de faire confiance à un inconnu, et je l'ai cru.
J'ai repris le boulot. Je ne partais jamais bien loin et je venais voir mon fils tous les soirs. J'étais presque rassuré. J'arrivais même à discuter avec Emma sans qu'on s'engueule. Un vrai miracle. Mais avec ma chance, ça pouvait pas durer. Le petit a choppé une infection. L'infirmier de garde faisait un début de dépression pour une histoire de rupture amoureuse, il a manqué d'attention en s'occupant du môme. Coup dur pour le moral d'Emma. Quand à moi, j'ai assez mal réagi à la nouvelle. Mais le médecin m'a assuré qu'il avait bon espoir pour mon enfant. Bon espoir ? Tu parles. Il a fallu un peu moins de trois jours, et tout s'est cassé la gueule dans ma tête. Je ne sais pas si vous pouvez vous représenter ce que c'est que de voir votre enfant mourir. Il y a comme un truc qui se brise en vous, un truc qui s'appelle « raison ». Imaginez vous seulement le choc pour un homme d'apprendre que son fils est parti avant lui. Son fils qui n'aura pas dépassé les trois semaines, qui n'aura jamais connu les bras de ses parents, la chaleur de son foyer. Le temps que vous réalisiez que c'est terminé, tout s'installe sans bruit dans votre esprit. Fatigue, tristesse, souffrance, colère. Et même de la haine, que vous cherchez contre qui diriger. Il vous faut un responsable, sans quoi vous sentez bien que vous allez craquer. Si on ne m'avait pas raisonné, j'aurais certainement tué l'infirmier. C'était lui le responsable, après tout. J'aurais voulu le voir mourir, et lentement. Mais j'ai revu Emma entre temps. Si le choc a été dur pour moi, j'ose à peine me mettre à sa place à elle, qui a porté notre fils. Et ce n'était ni l'infirmier, ni les médecins qu'elle détestait. C'était moi. Vous savez, lorsqu’on qu’on vous répète quelque chose un certain nombre de fois, vous finissez par y croire. Alors à force qu’elle me le rabâche, j’ai fini par me convaincre aussi que j’étais une raclure, que tout ça, c’était de ma faute. J’ai beau avoir eu le temps de me convaincre du contraire, je crois que j’en ai gardé de grosses séquelles. Après ce coup dur, Emma est retournée chez ses parents, et moi, j’ai découvert un nouveau copain qui s’appelait whisky. J’avais plus que ça et le boulot, alors je me suis donné à fond dans les deux. Au début, je buvais pour me vider le crâne, pour ne plus penser à tout ça, à mes emmerdes, à ma vie minable. Puis j’ai continué, parce que j’avais honte de la loque que j’étais devenu. Le boulot devenait routinier, les toubibs m’emmerdaient, ma sœur et mon frangin ne savaient pas quoi faire pour moi. Alcoolisme et dépression, sale mélange. J’étais toujours sobre pour le travail. J’voulais pas perdre ma dernière bouée. Mais Hunter voyait bien que je sombrais dans la picole, et il me refilait les boulots ingrats pour essayer de me secouer.
Et pendant ce temps, au pays, rien ne s’arrangeait. J’entendais des trucs pas glorieux à la radio et à la télé. Des familles massacrées par les anglais, des viols, des meurtres, et la nouveauté, des attentats. Les roastbeefs avaient essayé de faire croire qu’on tuait les nôtres pour libérer le nord du pays. Personne n’y a cru, évidemment, mais ça les a pas empêché de continuer. Les alertes à la bombe se multipliaient, et les morts avec. Une bande d’extrémistes anglais a fait sauter notre baraque à Cavan, et à partir de ce moment, les morts se sont enchaînées à une vitesse fulgurante. La famille était sauve, mais plus pour longtemps. Terry m’a appelé un soir après le boulot. Je crois que j’aurais préféré me manger une balle dans le genou plutôt que d’apprendre ce qu’il avait à me dire. Mon père et Sean étaient partis prendre un verre la veille, et le pub dans lequel ils se trouvaient avait sauté. Terry chialait tellement que j’ai pas compris la suite. C’est ma mère qui s’est chargé de me le répéter. On avait retrouvé Sean en petits morceaux éparpillés dans les décombres du bar. Une vraie boucherie. Quand à papa, il était encore en vie. Mais il ne marcherait plus jamais. J’ai cru que je m’en remettrai pas. On a essayé de les faire rapatrier à Boston, mais ils n’ont rien voulu entendre, et il a fallu qu’on jette notre mère en taule et que Terry se fasse tabasser à mort dans une émeute pour que Paul nous rejoigne. J’avais jamais vu mon père dans un tel état. Ma mère en prison, c’était encore supportable, mais voir deux de ses fils mourir, des mains mêmes de ceux qui nous pressuraient depuis des siècles, ça l’avait ravagé. Et ça, je crois que j’en connais les effets. Je me doutais que voir un autre de ses gosses s’enfoncer dans l’alcool n’allait pas l’aider à se remettre du choc. Alors j’ai mis un gros coup de frein sur la bouteille. Avec mon môme, mes frangins claqués, et mon train de vie lamentable, ça a été loin d’être simple. Mais c’était pour mon père, je pouvais bien faire au moins ça pour lui. Y avait toujours des soirs où je picolais, mais je m’étais quand même sacrément calmé. Les choses reprenaient leur cours, bien que le rythme soit difficile à suivre. On faisait avec toutes nos emmerdes. Protéger la frangine d’un type un peu trop insistant, aider Devin à son boulot, tabasser un petit dealer installé sur le territoire d’Hunter, aider notre père… je me remettais peu à peu. La vie semblait un peu moins chienne, les choses avaient l’air d’aller mieux. Je m’étais même permis le luxe de penser que les choses pourraient encore aller en s’améliorant. J’étais optimiste, à cette époque…
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Grayson Flynn
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MessageSujet: Re: Gray l'Irlandais   Gray l'Irlandais I_icon_minitimeDim 28 Nov - 17:23

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14 Avril 2095

Le téléphone sonnait. Ca devait faire dix bonnes minutes que cette foutue sonnerie me vrillait les tympans avec des pauses régulières. Je détestais ces putains de coups de téléphone tardifs. Ils n'annonçaient que des putains de mauvaises nouvelles. Bouteille dans une main, clope dans l'autre. Un pied devant l'autre, avancer jusqu'à la table. J'ai pris le portable, décroché. Ma soeur. Elle m'appelait pour mon anniversaire. Est-ce que j'allais bien, est-ce que je me nourrissais correctement, est-ce que j'avais été sur la tombe de papa déposer des fleurs ? Oui, oui, oui... fatigue. Je l'ai écouté parler et j'ai eu l'impression que Ciara était la mère que je n'avais jamais eue, qui prenait soin de moi, qui s'occupait de savoir si je faisais tout ce que j'avais à faire. Moins de cinq minutes après, un nouvel appel. Qu'est-ce que les gens avaient à m'oublier pendant des mois, et à se souvenir miraculeusement de moi le jour de mon anniversaire ? Et finalement, non. Hunter avait du boulot pour moi. C'est ça que j'appréciais chez cet homme. Peu importe que je sois son neveu ou un parfait inconnu, j'avais le droit au même traitement que tous ses gars. Ca devait bien faire neuf ou dix ans que je bossais pour lui, et j'avais dû gravir les échelons à la force de mes seuls bras au sein de la Famille. Me faire accepter, respecter, apprécier. Ce soir, je devais aller m'occuper d'un problème d'italien dans notre pub. Le larron faisait du remous, et c'était mauvais pour les affaires. J'y ai été, j'ai observé. Non seulement il menaçait notre barman, mais en plus de ça, il était en train de violenter une pauvre fille, probablement une étudiante, qui n'avais rien demandé à personne. J'ai essayé la voie pacifique, je n'avais que peu envie de déclencher une guerre contre les italiens. Mais il s'est énervé un peu plus, alors on a été régler le problème dehors. C'était terminé en trente secondes, juste le temps de le foutre par terre et de lui coller un bon coup de pompe dans la mâchoire, avant de le renvoyer chez lui avec perte et fracas. Les italiens devaient apprendre que Boston était une chasse gardée. En rentrant par les docks, je suis tombé sur une bande de petites frappes qui s’amusaient à emmerder un grand type qui n’avait pas l’air d’avoir les idées très nettes. Les mômes s’amusaient à le faire tourner en bourrique en se foutant de sa gueule, et le gaillard reculait en les regardant comme une bête acculée l’aurait fait. J’ai chassé les jeunes, ce n’étaient que des gamins pas très téméraires, et j’ai ramené le type chez moi pour le pieuter sur mon canapé. J'étais parti pour ne pas dormir, alors j'ai veillé toute la nuit à fumer, boire du café, regarder les bagnoles défiler, mater la télé. A un moment donné, le type a remué, et en y regardant de plus près, j'ai vu qu'il avait les bras criblés de petites traces d'injections. Le tout était assez propre, mais certaines marques étaient encore récentes, et le gars avait un sommeil tellement agité et l'air tellement ravagé que j'ai tout de suite compris ce qu'il en était. A son réveil, il était redescendu sur terre et il m'a remercié assez chaleureusement. C'est à ce moment là que je l'ai reconnu, c'était un type que je croisais souvent à la salle de sport, pendant les entraînements de boxe. Il était bon à ce sport et il me semble même qu'il avait démarré une petite carrière. Je lui ai demandé s'il avait du boulot, et comme il m'a dit que non, je lui ai laissé mes coordonnées et celles du patron, en lui disant qu'il pouvait passer à l'une ou l'autre de ces adresses quand il voulait s'il avait besoin de quoi que ce soit. Il s'appelait Knox, un pauvre type tombé dans le mauvais chemin, dans la dope. Du pur gâchis.


18 Septembre 2097
Tous les 18 septembre, c’était la même chose. Ciara me trainait avec elle au cimetière, et se mettait à pleurer à chaudes larmes sur mon épaule jusqu’à ce qu’elle ait totalement évacué tout ce qu’elle gardait pour elle tout au long de l’année. Ça faisait cinq ans que c’était la même chose, depuis que papa avait craqué et qu’on l’avait retrouvé baignant dans son sang, chez lui, avec un trou dans la tête de la taille d’une balle de pingpong. Tout ce qu'il avait vécu était trop insupportable, alors il avait préféré s'allumer plutôt que de continuer à souffrir, ce que je peux totalement comprendre, mais pas me résoudre à cautionner. Comment vous voulez pardonner à votre père de se foutre en l’air ? Ma sœur accusait difficilement le coup, mais elle n’en disait rien. En cela, elle tenait bien de notre mère. Notre chère maman, qui nous avait envoyé une charmante lettre il y a bien deux ans de ça, depuis sa cellule, pour nous dire qu’elle ne voulait plus nous voir ni moi, ni Ciara, ni même Devin. Autant dire que niveau relations familiales, c’était pas terrible. Et comme pour nous enfoncer encore plus dans nos emmerdes, la Section d’Investigation avait mis la main sur Devin l’an dernier. Trois agents étaient venus l’embarquer un soir, et puis plus personne ne l’avait revu. Un type aux manières un peu louches s'est manifesté peu de temps après et nous a expliqué les raisons de l'arrestation de notre frère. Il travaillait avec la Congrégation depuis un moment, et une de ses communications avait été interceptée par les autorités, par manque de prudence de la part de son interlocuteur. Une petite cellule de la Congrégation avait été démasquée à cause de ça, et ils avaient payé pour l'erreur du contact, y compris Devin. Et depuis, pas de nouvelles de notre frère.
Les sanglots de la frangine devenaient un peu trop bruyants. Je lui ai donné mon paquet de mouchoir, je l’ai prise dans mes bras, comme d’habitude. Trammel fumait un peu plus loin, assis sur une vieille stèle qui tombait en miettes, et Knox se tenait à l’écart, un peu gêné par l’effusion de Ciara. Il était mal à l’aise, il avait jamais vraiment eu personne dans sa vie, alors il avait pas l’habitude de gérer ce genre de débordement d’émotions. Intégrer la famille, ça lui avait tout de même fait un sacré bien. C’est un brave gars, Knox, digne de confiance et de respect, réglo. Je pourrais mettre ma vie ou celle de ma sœur entre ses mains sans la moindre hésitation. C’est pas un ange non plus, il a ses cadavres dans le placard, comme nous tous, sans parler de ses antécédents de drogué, son passé d’orphelin… retiré à sa mère junkie avec une dépendance innée à l’héroïne, placé en foyer dès le plus jeune âge, le pauvre type avait passé sa petite enfance à distribuer des baffes pour se faire respecter. Mais il avait gardé ce côté timide et discret qui faisait de lui le brave gaillard qu’il était. Quand à Trammel… eh bien Trammel n’est pas spécialement le genre d’homme qui inspire la confiance au premier coup d’œil. C’est une raclure, un véritable salaud avec les femmes avec lesquelles il couche… mais on apprend à le connaître et ses qualités avec. En termes d’efficacité, on peut l’envoyer se charger d’un travail délicat et avoir l’esprit tranquille. Je pouvais considérer comme chanceux d’avoir pu rencontrer ces deux gars là et m’en faire de précieux amis. En dehors de ma famille –et je parle de liens sanguins – je ne pouvais pas dire que j’avais des masses de gens à qui je pouvais faire confiance en dehors de ces deux là. Dans le Milieu, tout le monde devenait suspect, même la petite môme de neuf ans et son sac à dos rose. Avant, les choses se passaient différemment. Mais depuis que j’avais pris du galon dans la Famille, je devais me méfier de tout. Et je dois avouer que c’est devenu franchement fatiguant.


2098
Merde. Putain de merde.
Levé à trois heures du matin par mon putain de téléphone pour apprendre une nouvelle pareille. C’est quoi ce bordel ? Ce qu’il s’est passé ? Simple. Hunter s’est fait descendre. Et ces chinois, ces putains de chinois ont eu le culot de signer leur coup. Plus qu’affligé par la mort de mon oncle et supérieur, j’étais furieux. Cet idiot s’était laissé tuer par des bouffeurs de riz, bordel ! Et maintenant, on était dans la merde jusqu’au cou à cause de son inattention. Dans ma tête, ça s’était mis à carburer à deux cent à l’heure. Y avait tout un tas de choses dont je devais m’occuper. Faire disparaître le corps, les preuves, tout ce qui pouvait nous causer préjudice, calmer les ardeurs des jeunes recrues, empêcher les autres pègres de se jeter sur nous comme sur un animal blessé, conserver notre autorité à Boston, continuer à tout prix nos activités, maintenir notre couverture… on était comme un serpent auquel on aurait tranché la tête : ça remue, ça s’agite, mais ça ne mord pas. Il y a eu quelques jours de panique, les membres de la famille agissaient de façon désordonnée, irréfléchie, et la nouvelle a fini par s’ébruiter chez les petits gangs du coin, et les plus grosses pègres des environs. Ils ont essayé de nous couper l’herbe sous le pied en tentant de mettre la main sur plusieurs de nos affaires ou en tabassant nos hommes, et il a vite fallu régler le problème. A ce moment là, tout le monde s’est tourné vers moi, pas parce que j’étais le neveu d’Hunter, mais parce qu’il fallait un nouveau leader dans la famille, et qu’en plus de dix ans, j’avais largement eu le temps de faire mes preuves et de gagner la confiance des gars malgré les hauts et les bas. Le plus simple a été de faire comprendre aux petites frappes qu’on ne déconnait pas avec les affaires des MacMahon. Mais botter le train des gros poissons, récupérer le monopole au port, virer les gros bras des docks, éviter une guerre contre une famille rivale, ça, c’était une autre histoire, qui s’est terminée avec une victoire, mais beaucoup de notre précieux sang, beaucoup de colère, et énormément de haine qui s’est lentement emmagasinée dans nos rangs, prête à exploser à la gueule de ceux qui avaient osé nous faire ça. On a laissé repousser notre « tête » tranquillement, le temps de trouver les responsables, de préparer notre díoltas. Il a fallu du travail, de la patience, et beaucoup de volonté pour ça. Prendre la tête de la famille, légitimer mon accession à cette place plus que convoitée. J’ai été réglo avec les gars. Je n’leur ai pas fait miroiter de belles illusions, ni promis la lune. Seulement une vengeance bien méritée, la certitude d’être chez nous à Boston, que personne ne viendrait troubler notre sécurité, notre tranquillité. Ça nous a demandé du temps, des efforts, mais on a trouvé les rats qui avaient osé toucher à Hunter. On a été obligés de mobiliser les russes pour ça, et même des membres de la Congrégation qui avaient une grosse dette envers nous. Et le pot aux roses était bien plus gros que ce à quoi je m’attendais. Il se trouve que l’italien que j’avais tabassé il y a quelques années de ça avait moyennement apprécié l’affront et s’était plaint à son grand frère qui avait fait jouer ses relations. La machine avait mis du temps à se mettre en marche, mais on s’était mangé un sévère retour de flamme. Les italiens avaient réussi à convaincre les chinois de nous foutre sur la gueule puis de se partager les restes de notre ville après. Mais ces gens là ne savaient rien de nous, ils n’avaient aucune idée de ce que ça voulait dire d’être irlandais, d’être comme une tâche tenace, indélébile, qu’on frotte, qu’on racle, qu’on nettoie à fond, pour se rendre compte que ses efforts ont été vains, qu’il en reste toujours.
L’homme qui avait tué Hunter était le patron d’une petite boite de strip-tease appartenant à sa Famille, un type modérément intelligent, assez en tout cas pour avoir compris que la mort du chef des MacMahon le ferait passer du statut de petite friture à celui de personnage notable parmi les membres de sa pègre de bouffeurs de riz. Je ne sais pas comment il s’était débrouillé pour arriver à coincer Hunter, mais il aurait mieux fait d’agir plus discrètement, car le jour où on lui a mit la main dessus grâce à nos connexions, je peux vous assurer qu’il en a pris pour son grade. Les gars en sont presque venus aux mains pour savoir qui s’occuperait de lui faire regretter d’être né, mais je ne comptais pas le laisser s’en sortir si facilement. Il a fallu un certain nombre d’heures de travail avant que je ne me sente pleinement convaincu par ses « plates excuses ». J’ai toujours eu du mal avec la bouffe chinoise. On ne sait pas comment c’est préparé, dans quelles conditions, si les cuisines sont propres… j’ai eu l’occasion de voir de telles horreurs dans des reportages sur cette question, qu’à chaque fois qu’on m’apporte des nems de chez le traiteur, je ne peux pas m’empêcher d’avoir des haut-le-cœur. Mais les cochons, eux, ne sont pas aussi regardants que moi sur l’origine de la nourriture, et ils ont englouti leur canard laqué en un laps de temps si court que je suis certain qu’ils se sont régalés. Quand aux restes, un peu d’acide, et le tour était joué. Malgré ça, je n’étais pas totalement satisfait. Il restait encore quelque chose à faire. Mais les italiens étaient un plus gros poisson que les chinois. Plus attentifs au nombre de leurs hommes, plus enclins à la vendetta. Mais soit. J’étais capable de prendre mon mal en patience. Ça me laissait le temps de finir de gagner la confiance des derniers membres de la famille qui rechignaient à me voir prendre les commandes, de préparer mon coup… mais les italiens pouvaient être certains que je finirai forcément par me décider à leur renvoyer la monnaie de leur pièce, et avec les intérêts.
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MessageSujet: Re: Gray l'Irlandais   Gray l'Irlandais I_icon_minitimeVen 21 Jan - 18:19

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